Celui qui voulait être aimé

Écrire un conte

Il était une fois un jeune prince élevé par une sorcière. Celle-ci lui avait soufflé que pour être au-dessus de tous les hommes, il devait être craint. Pour se faire, elle lui avait fait don d'un bâton capable de figer toutes personnes s'opposant à lui.

Un jour de chasse, il fut séparé de sa cour par un loup dont les yeux vairons brillaient d'une intelligence humaine. Suite à une embuscade de cet animal, le jeune prince fut désarçonné. En tombant, il perdit son bâton magique dans le ravin qui se trouvait à quelques centimètres de sa tête. Il avait beau appeler à l'aide aucun secours ne vint. Cet homme si craint se retrouvait vulnérable et seul, situation complètement étrangère pour lui.

Ne pouvant rester ainsi, il marcha vers une petite église espérant y trouver refuge. Là, il rencontra un ermite qui connaissait son histoire. Pourtant, le jeune prince ne l'avait encore jamais rencontré. Ces yeux ! Il les avait déjà vus mais pas sur un homme, non, sur un loup ! Le cerveau du prince refusait de croire en l'association se formant dans son esprit. Aussi, sous la colère, il rudoya l'homme et ne fut en rien aimable envers l'hôte de ces lieux. Ce dernier lui fit une promesse : le loup lui apprendrait à aimer son prochain puisqu'il en était incapable, et ce sera à ce seul prix qu'il pourra être aimé. Alors l'ermite sortit, et le loup vint déloger le prince pour le conduire vers la forêt où se trouvait un labyrinthe dont seul ceux capables de faire preuve de gentillesse pouvaient sortir.

Perdu dans les dédales s'ouvrant devant lui, il réfléchit aux paroles de l'homme. Il réalisa alors que les personnes qui le courtisaient étaient toutes intéressées par son pouvoir, ses richesses, et ne désiraient en aucun cas être prises pour cibles. Personne n'était là pour partager ses joies, ses peines. Comment avait-il pu ne pas s'en rendre compte ! Au milieu de ses cogitations, un chat blanc surgit devant lui. Son premier réflexe fut de le chasser, sauf que derrière lui, il entendit le grognement du loup sonnant comme un rappel. Ainsi, il se reprit et partagea sa nourriture avec ce petit félin. N'ayant plus rien à perdre, il suivit cette boule de poils qui le mena à un ruisseau.

Là, une vieille femme essaya de traverser le cours d'eau. Il allait la laisser là, puis en homme intelligent apprenant vite, il se reprit pour la deuxième fois et l'aida en la portant sur son dos. L'homme si fier, si craint, commençait-il à gagner en humilité ? Pour le remercier, elle l'invita chez elle afin de se restaurer et de se reposer. Il accepta en pensant manger du pain noir et dormir dans une vieille grange. Le lieu était encore plus délabré, et la vielle dame lui donna le peu qu'elle avait à manger ainsi que sa couche. Il fut surpris par tant de générosité, ému et profondément touché. Il ne put s'empêcher de lui demander comment elle s'était retrouvée dans de telles conditions de vie. Sous cette pauvreté, il lui semblait déceler une éducation trahissant une haute condition, ne serait-ce que dans sa façon de s'exprimer. En effet, un homme cruel sans cœur l'avait destituée de ses biens parce qu'elle avait refusé de lui donner sa fille en mariage. A ces mots, il se remémora cette histoire et se promis de remettre bon ordre à la situation. Aussi, il l'interrogea sur la jeune femme. Celle-ci était allée au village le plus proche pour vendre sa cueillette.

Lorsqu'elle revint, il la trouva encore plus belle que dans ses souvenirs et fut sous son charme. La jeune fille, fort belle, était également intelligente et soutint discussion avec humour. Le jeune homme lui demanda ce qu'elle pensait du prince, aussi elle lui répondit sans mâcher ses mots. Il réalisa alors à quel point il était détesté non seulement par elle mais également par ses sujets. Pour la première fois, il se souciait de la pensée des autres.

Alors l'ermite apparut devant lui, le ramena à son château et l'aida à chasser la sorcière. Quant au jeune homme, il épousa sa belle, s'appliqua à réparer ses fautes et à subvenir au bien-être de son peuple.